L'écolier assassin by Moka

Auteur:Moka [Moka]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 2000-10-08T22:00:00+00:00

chapitre 7

Panseuse de secret

Fleur n’avait pas voulu poser trop de questions à Éponine devant Norma. Mais elle était très préoccupée par cette histoire de doigt coupé. Pourquoi Marthe avait-elle fait une chose pareille ? Une automutilation, comme si elle se punissait. Se croyait-elle coupable de la mort de sa mère ? Cela expliquerait son mutisme, elle ne pouvait pas avouer. Il fallait vraiment que Marthe voie un spécialiste.

Le dimanche matin, Fleur partit à Enrichemont pour faire les courses de la semaine au supermarché. Norma dormait encore lorsqu’elle partit. Pablo préparait ses outils pour sa deuxième couche de peinture.

Vers neuf heures et demie, Pablo pensa que Norma traînait un peu beaucoup au lit. Ce n’était pas son genre. Il frappa à sa porte, appela, n’obtint pas de réponse. Il entra.

Norma était toujours couchée, elle lui tournait le dos.

— Eh, paresseuse ! Soldat lève-toi, soldat lève-toi !

Norma émit un grognement mais ne bougea pas. Pablo s’approcha pour la secouer par l’épaule. Alors, il vit le visage de sa sœur. Il poussa un cri.

La joue de Norma était enflée, rouge et luisante, juste au-dessous de l’œil. Cela ressemblait un peu à une grosse ampoule. Pablo posa la main sur son front. Il était brûlant. Norma était presque inconsciente, dévorée par la fièvre.

C’était la joue que la mère Richet avait touchée. Pablo en était sûr. Il ne savait pas quoi faire. Le téléphone n’était pas encore branché. Et puis, qui appeler ? Y avait-il un médecin dans le village ? Il l’ignorait. Aller jusqu’à l’épicerie ? Ou alors devait-il attendre le retour de maman ? Mais si elle tardait trop…

Pablo dévala l’escalier et courut vers la maison de M. Cardot. Le vieux monsieur pourrait l’aider, lui. Pablo sonna à la porte à plusieurs reprises. Il ignorait que M. Cardot était à la messe. Il restait Mme Jean.

Pablo repartit en courant. Il faillit renverser quelqu’un qui débouchait du chemin derrière le muret. Il dérapa sur les graviers.

— Eh bien, mon petit ! Qu’est-ce qui t’arrive ?

Pablo reprit son équilibre et regarda la grosse femme. Il ne l’avait jamais vue mais il devina que c’était Éponine.

— Madame, madame ! J’ai besoin d’aide, vite ! Ma sœur ne va pas bien du tout et maman n’est pas là !

Éponine le prit par le bras.

— Conduis-moi à elle. Toi, tu es Pablo.

Pablo la devança. Éponine marchait le plus rapidement qu’elle pouvait, en soufflant bruyamment.

Norma était toujours dans le même état. Éponine se pencha sur elle et hocha la tête.

— Tu l’as touchée ? demanda-t-elle.

— J’ai juste mis ma main sur son front. Elle est brûlante de fièvre !

— Cela ne m’étonne pas, répondit Éponine. Va te laver les mains et frotte bien. C’est contagieux. C’est de l’érysipèle. Si tu trouves de l’alcool et des compresses, apporte-les-moi.

— Vous êtes médecin ? C’est grave ?

— Ne t’inquiète pas, je vais la soigner. Je ne suis pas médecin mais je suis une panseuse de secret. Je peux la guérir. Allez, file !

Pablo obéit en se demandant ce que pouvait bien être une « panseuse de secret ».

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